En France, environ 14 millions de personnes souffrent d’hypertension artérielle (HTA). Des médicaments permettent de prendre en charge cette pathologie chronique, mais seuls 60 % des patients suivent correctement leur traitement. Pour accompagner les malades et les professionnels de santé, deux nouveaux outils ont été mis en ligne dans le cadre du programme « Agir pour l’observance » 

Dans la prise en charge d’une maladie chronique comme l’hypertension artérielle (HTA), le suivi régulier des traitements est essentiel. Ces derniers permettent la normalisation des chiffres de tension et assurent une bonne protection du cœur, du cerveau, des reins et des vaisseaux. Pourtant, selon l’enquête Flash 2015 réalisée par le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle (CFLHTA), 60 % des malades seulement suivent à la lettre leurs prescriptions. « On considère qu’il y a une mauvaise observance lorsque les antihypertenseurs sont pris moins de 80 % du temps », explique le docteur Bernard Vaïsse, cardiologue et président du CFLHTA, avant de souligner : « Nous ne savons pas encore guérir la HTA et seuls les médicaments, en complément des mesures hygiéno-diététiques, sont à notre disposition. »
Pour favoriser l’observance, le CFLHTA et la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) proposent deux nouveaux outils connectés*, dans le cadre de leur programme « Agir pour l’observance ». Le premier, Eval-Obs, est une application conçue pour les patients. Le second, Flash-Observance, est un calculateur en ligne destiné aux professionnels de santé. « Ces outils ont pour objectif de favoriser les échanges entre les médecins et les patients autour des traitements, indique Bernard Vaïsse. La mauvaise observance peut être liée par exemple à un oubli, à des effets secondaires ou à une non-adhésion du malade. Or ces sujets ne sont pas suffisamment abordés en consultation. »

Une application pour évaluer le suivi des traitements
L’application Eval-Obs, disponible gratuitement pour les smartphones Android, a pour objectif de rendre le patient acteur de sa prise en charge. Celui-ci doit répondre à la question « Comment avez-vous pris votre traitement de l’hypertension artérielle pendant le dernier mois ? » en déplaçant un curseur sur une échelle qui va de « Je n’ai pris aucun comprimé » à « J’ai pris tous les comprimés ». L’application lui propose ensuite d’évaluer plus précisément la prise de chacun de ses médicaments et de répondre à un questionnaire afin de comprendre les causes du non-respect de la posologie. A la fin de l’évaluation, des conseils sont délivrés au patient pour l’aider à mieux suivre sa prescription.

Un calculateur de risque
De leur côté, les médecins disposent du calculateur du risque d’inobservance Flash-Observance, mis au point à partir d’une population de 2 743 sujets traités pour une HTA en France en 2015. Le professionnel de santé complète en ligne des critères relatifs aux caractéristiques personnelles (âge et sexe) et à l’état de santé (traitements et antécédents) du patient, et le calculateur attribue à celui-ci l’une des trois catégories de risque d’inobservance : faible, intermédiaire ou fort. « Les personnes jeunes, qui prennent plusieurs comprimés et qui ont des comorbidités (associations de maladies, NDLR) ont un risque fort d’inobservance », précise le président du CFLHTA. En complément de ce dispositif, le médecin peut utiliser le « Questionnaire d’observance », également disponible en ligne, afin de comprendre les principales raisons du mauvais suivi du traitement.

Adapter les prescriptions
En consultation, les outils du programme « Agir pour l’observance » permettent de mettre en évidence un éventuel problème. « Le patient peut montrer à son praticien les résultats de l’évaluation réalisée grâce à l’application. Ce dernier pourra ensuite proposer des solutions, par exemple encourager l’utilisation d’un pilulier pour éviter les oublis ou encore changer de médicaments en cas d’effets secondaires », illustre le docteur Bernard Vaïsse. C’est aussi un bon moyen d’ouvrir la discussion. « Les patients n’osent pas toujours parler des difficultés qu’ils rencontrent et les médecins ne posent pas systématiquement de question, poursuit le spécialiste. Ces outils participent à l’éducation thérapeutique et permettent de rappeler que le malade doit adhérer à sa prise en charge pour être bien soigné. »

Léa Vandeputte
* Disponibles sur le site Comitehta.org.Sources : France Mutualité – numéro 571 – avril 2017.
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